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James Moir, marchand de vins et spiritueux du Speyside installa sa distillerie en 1875 entre les fleuves Deveron et Spey.
Situé à un jet de pierre d’une baie sablonneuse proche de Portsoy, ce lieu perdu au milieu des champs d’orge fut autrefois fréquenté par les distillateurs clandestins qui s’approvisionnaient à la source Glassaugh, celle-là même qui ravitaille la distillerie aujourd’hui. Le moulin à vent, encore visible, dominait cette portion de côte sans relief.
Le whisky de James Moir acquit une solide réputation dans l’assemblage du blend. À sa mort, ses neveux prirent le contrôle de la distillerie qui passa ensuite de main en main pour finir dans le giron de la Highland Distilleries Company (futur groupe Edrington).
En 1907, le déclin de la production, dû à la crise, signa son arrêt définitif. Seuls les chais continuèrent à être utilisés.
Au cours de la seconde guerre mondiale, l’intendance militaire installa une boulangerie dans la malterie désaffectée où, selon le site officiel de la distillerie, filles et garçons du cru venaient s’y rencontrer. L’histoire ne dit pas si des ébats amoureux avaient lieu dans la réserve, bien cachés entre les sacs de farine …
En 1959, la Highland Distilleries Company construisit une nouvelle unité de production (mashtun, washback, alambics) qui donna naissance à un malt plus léger, dédié au blends du groupe (The Famous Grouse, Cutty Sark et Laing’s).
En 1984 et 85, dans le but d’obtenir un whisky plus doux, la direction installa une centrale pour adoucir l’eau du Glassaugh réputée trop dure. Cet investissement coûteux fut l’un des facteurs qui conduisit en 1986 à la fermeture de la distillerie, victime du déclin général du marché du whisky. Contrairement à d’autres établissements qui rouvrirent dans les années 90, Glenglassaugh semblait définitivement close.
Des récompenses « post mortem » furent attribuées aux whiskies produits pendant ces trois décennies. Les chais, maintenus en service, renfermaient des fûts aux expressions uniques. Une série spéciale fut même réalisée à l’attention des 4 directeurs qui supervisèrent la production au cours de ces 27 années : « The Manager’s Legacy Series of Single Cask Whiskies »
La distillerie rouvrit ses portes en 2006, rachetée par le groupe néerlandais Scaent, et rebaptisée « Glenglassaugh Distillery Company Ltd ». Elle totalise le chiffre extravagant de plus de 80 années de fermetures cumulées, un record dans la corporation !
Deux années d’importants travaux et quelques millions de livres sterling furent nécessaires pour la remettre en état de fonctionnement. Le premier ministre Écossais, Alex Salmond, l’inaugura en grande pompe le 28 novembre 2008.
La production redémarra avec un whisky très légèrement tourbé.
En 2009, les investisseurs Hollandais, impatients de faire rentrer de nouvelles recettes, obtinrent d’Edrington (ex Highland Distilleries Company) un peu de whisky mature, de quoi produire trois embouteillages officiels de 21, 30 et 40 ans d’âge.
La même année, ils lancèrent des souscriptions « d’Octave cask », petits fûts de 50 L (le 1/8 des fûts « normaux »). Les particuliers laissaient mûrir leurs fûts dans les chais de la distillerie.
Au mépris des traditions, ils mirent en vente deux distillats de deux ans d’âge : « The Spirit Drink That Dare Not Speak Its Name » (l’eau de vie qui n’ose dire son nom) ainsi que le « The Spirit Drink That Blushes To Speak Its Name » (l’eau de vie qui rougit de dire son nom) au prix d’un whisky premium.
Glenglassaugh fut acquise en 2013 par la Benriach Distillery Company, (propriétaire de Glendronach et Benriach) fermement décidée à redorer le blason de cette marque. Affaire à suivre.