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Glengoyne se trouve au bord d’une ancienne route menant à Glasgow, théâtre d’histoires rocambolesques comme celle de Rob Roy, le célèbre gentleman brigand ayant échappé à ses poursuivants après s’être réfugié dans un arbre non loin de l’emplacement actuel de la distillerie. Rob Roy a laissé sa marque dans la langue anglaise puisque le mot « blackmail » (chantage) est issu de la rançon demandée pour la restitution du bétail volé, souvent de couleur noire.
A l’origine, ce site unique a attiré les distillateurs non déclarés essayant de fuir la taxe sur les alcools, souvent pionniers dans l’art de la distillation. En effet la situation du Glen le rendait difficile à repérer et la colline en surplomb offrait un poste de gué naturel très efficace et la campagne environnante permettait l’approvisionnement en orge.
Au 18° siècle, la taxe sur les alcools a été augmentée pour financer la guerre avec la France, notamment pour les distilleries des Lowlands, la région des Highlands dans laquelle est classée Glengoyne ayant bénéficié d’un régime dérogatoire afin d’aider l’économie plus faible de la région. Cette différence de traitement dans le prélèvement des taxes encouragea le trafic, à tel point que les femmes cachaient des bouteilles dans leurs sous-vêtements avant de se rendre à Glasgow pour y écouler la précieuse marchandise.
Avant l’Excise Act de 1823 ayant réduit la taxe sur les alcools pour favoriser la production légale, les distilleries déclarées essayaient de maximiser leur production pendant les périodes d’activité afin de réduire le montant de la taxe. Paradoxalement, les distillateurs illégaux prenaient leur temps et produisaient un whisky plus fin et plus doux. Glengoyne, distillerie illicite à l’origine, a ensuite été légalisée en 1833 et continue à mettre en oeuvre un processus de distillation lent hérité des origines. Antony Mc Callum, maître de chais à Glengoyne, nous explique comment le maintien de la pratique d’une distillation longue de 8 h au lieu de 4 h qui accentue l’effet de purification qu’a le cuivre des alambics au contact de l’alcool.
Durant la période de la fin du 18° et début du 19° siècle, la ville de Perth située à quelques km au Nord de Glengoyne était devenue un important centre de négoce où on embouteillait du vin générant ainsi quantité de fûts disponibles pour la maturation du whisky.
Au même moment, la ville de Bristol était devenue le centre du négoce du Xeres (Sherry) et générait également quantité de fûts disponibles. C’est à cette époque que les artisans ont commencé à découvrir l’apport de chaque type de fût à la richesse olfactive de leur whisky. La maturation dans des fûts de chêne est une pratique apparue assez tardivement dans l’histoire du whisky. Ainsi, ce n’est qu’en 1915 que le Immature Spirits Act stipulant une période minimale de 2 ans de maturation des spiritueux consommés dans le Royaume Uni. Et en 1933, la première définition légale du whisky est apparue et stipulait une période minimale de maturation de 3 ans pour tous les spiritueux produits au Royaume Uni
Les fûts utilisés de nos jours à Glengoyne sont en chêne américain transformé en fûts dans la région de Jerez en Espagne. Une fois présélectionnés au Nord de l’Espagne et après un séchage de 5 ans ils sont assemblés en fûts de 500 litres où ils serviront à la maturation du Xérès avant d’être acheminés en Ecosse. Le chêne européen plus poreux que l’américain favorise les interactions et donne des notes riches et fruitées au whisky. Les douelles seront moyennement chauffées et non brûlées ce qui permet de magnifier les arômes de caramel et chocolat. Le Glegoyne 18 ans que nous proposons est une parfaite illustration du résultat de cetet maturation.
La distillerie de Glengoyne est curieusement située à cheval entre les régions des Highlands et des Lowlands, la faille géologique déterminant la limite passant sur la route qui sépare les locaux réservés à la distillation situés dans les Highlands des chais de maturation situés eux dans les Lowlands. Ces chais contiennent des fûts qui ont jusqu’à 27 ans d’âge. La seule modification notable de l’architecture des lieux est la disparition de la cheminée qui a accompagné le passage en 1967 du charbon au pétrole pour le chauffage des alambics.
Glengoyne a été l’objet de la première opération d’intégration verticale lorsqu’elle a été achetée en 1876 par les frères Lang qui possédaient alors une société qui commercialisait du blended whisky.
La fusion en 1965 avec la maison Robertson scella l’entrée de Glegoyne dans le giron du groupe Edrington qui commercialise 8% du whisky produit en Ecosse.