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Dans son communiqué de presse, Jim Murray ne manque pas de prédire des haussements de sourcils à l’annonce de ce lauréat, comme ceci a été le cas l’année dernière. Mais il défend d’office son verdict et ne doute pas que les amateurs seront séduits par « l’incomparable beauté » de ce whisky. Après avoir désespéré de la catégorie rye canadien, il a été complètement séduit par cette expression Crown Royal Northern Harvest Rye produite avec près de 100% de seigle, ce qui est assez unique et il lui a attribué la note unique également de 97,5 sur 100.
Cette année, Jim Murray décerne donc la palme à un rye whisky produit par Diageo. Ne voulant pas s’arrêter en si bon chemin, il récidive comme pour l’édition 2015 et exclut l’Ecosse des 5 premières places. Ainsi le Pikesville Straight Rye (distillerie Heaven Hill, Kentucky) est en deuxième place et Midleton Dair Ghaelach (Irlande) ferme le podium. Puis on retrouve encore un bourbon et un Yamazaki Mizunara.Le système de notation de Jim Murray.
Jim Murray note les whiskies goûtés, toujours sans aucune adjonction d’eau, sur une échelle de 100 points en attribuant 25 points à chacun de critères suivants :
– Nez, soit les arômes révélés par plus d’une inspiration pour déceler les notes plus ou moins cachées
– Palais, soit les saveurs et le rythme auquel elles se révèlent
Finale, la façon dont la signature du whisky s’étiole, elle révèle pour lui le résultat et la qualité du vieillissement
– Equilibre et complexité, qui démontrent le savoir faire du maître de chai qui saura obtenir le maximum de complexité par complémentarité des influences des fûts utilisés
A partir de 80, on trouve les whiskies qui commencent à valoir le détour, et les whiskies exceptionnels commencent à pointer leur bout du nez à partir de 90. Entre 94 et 97,5, ce sont des whiskies qui selon Jim Murray lui donnent une raison de vivre et encore au-dessus, des étoiles lointaines qu’ils n’a jamais touché du palais.
Avec ce système, Jim Murray avait déjà placé un Bourbon, un Rye et un whiskey irlandais dans le top 5 de la bible 2015. Mais pour la bible 2014, un écossais, le Glenmorangie Ealanta avait été sacré whisky de l’année. Puis en 2013, le Ballantine’s 17 ans s’était retrouvé en 3ème place derrière un Rye et un Bourbon. Il y a donc une tendance assez claire dans les dernières éditions de la bible pour les whiskies d’amérique du Nord.
« Whisky Sponge » a ouvert la controverse en remettant en cause la notion même de meilleur whisky de l’année, position que Le Monde du Whisky partage assez largement. La variété reste le maître mot et devrait nous orienter plutôt vers des familles de whisky que nous préférons.
Pour « Whisky Sponge », le système de notation sur 100 points est intéressant à condition qu’il soit accompagné de la note de dégustation. Il est en effet essentiel de pouvoir relier la note aux préférences qualitatives de celui qui l’attribue. Ceci permet d’en comprendre la logique et de l’adapter à ses propres préférences.
Et là où le bat blesse pour « Whisky Sponge », c’est que l’attribution des notes par Jim Murray semble arbitraire car elle qui manque selon lui de cohérence dans le temps et ne permet pas au lecteur de se l’approprier. « Whisky Sponge » continue sa critique en expliquant que Jim Murray a octroyé tellement de notes au-dessus de 94 que son échelle s’en trouve dévalorisée.
En tous cas, malgré la controverse et peut-être un peu aussi grâce à elle, on peut être satisfait de voir que le monde du whisky est toujours vivant et nous promet de belles nouvelles expériences à venir tous les ans.