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Pour les puristes, en Irlande on parle de whiskey et non de whisky. Mais nous n’irons pas à l’encontre de l’usage français qui tend à utiliser l’orthographe whisky pour toutes les aires géographiques de production. Quant à « wisky » et autres orthographes incongrues qu’on trouve sur le web, ils feront l’objet d’un autre article.
Selon la légende, l’art de la distillation inventé en Orient aurait été importé en Europe au cours des croisades et pèlerinages. C’est sur cette terre d’Irlande que les moines ayant rapporté des alambics servant à distiller plantes et fleurs, eurent un jour l’idée lumineuse de distiller un moût d’orge destiné à la cervoise (largement consommée chez les Celtes).
L’uisce beatha était née ! Sa vocation première de remède universel, fut rapidement remplacée par une consommation quotidienne grâce à la distillation familiale qui mettait du baume aux cœurs et dans les esprits.
Il fallut quelques siècles de perfectionnement, d’affinage et de savoir-faire pour produire le meilleur whisky irlandais tel qu’il existe de nos jours.
La production de whisky en Irlande domine longtemps le marché mondial en termes de nombre de distilleries et de litres d’alcool, celle de l’Ecosse étant encore artisanale. Cette domination dure jusqu’au 19ème siècle qui voit l’Ecosse prendre l’initiative, notamment avec le développement de la distillation continue et des blended whiskies qui accaparent alors le marché. Ainsi la part du marché mondial du whisky de l’Irlande a chuté de 60% en 1830 à seulement 2% en 1960 ! En effet, la prohibition intervenue aux États-Unis entre 1920 et 1933 porte un coup fatal aux exportations de whisky irlandais.
Suite à cette période d’hibernation, le whisky irlandais connaît un nouveau dynamisme sous l’impulsion de trois acteurs clés : Irish Distillers (Groupe Pernod Ricard) et sa marque phare Jameson, Diageo qui a relancé Bushmills après son rachat et Cooley qui redonne un second souffle à l’Irish single malt avec des marques comme Connemara.
Le Connemara, whisky tourbé qui puise dans la tradition, est la preuve que la tourbe existe aussi en Irlande. Les inconditionnels de la tourbe n’hésitent pas à le classer comme le meilleur whisky irlandais, pour preuve cette médaille d’or remportée lors de l’ IWSC 2012 (International Wine and Spirit Competition). Naturellement, les amateurs du style « classique » irlandais, doux et fruité, attribuent la palme de « meilleur whisky irlandais » à d’autres expressions.
Le pot still, alambic charentais à repasse, reste le symbole le plus marquant du whisky Irlandais. Il a contribué à sa renommée, mais a également accéléré le déclin de sa production lorsqu’il fut surclassé par les alambics à colonne écossais. Il accompagne aujourd’hui son renouveau avec la montée en puissance des single pot still.
La seconde image d’Épinal du whisky irlandais, c’est la triple distillation qui produit une eau de vie fine et légère aux accents fruités très prononcés, apanage des gros alambics. Midleton possédait jusqu’en 1975 le plus gros alambic du monde : 140 000 Litres ! On peut également noter l’utilisation fréquente de céréales diverses pour remplacer l’orge maltée dont une taxe fantaisiste introduite entre 1785 et 1880 rendit l’usage prohibitif.
Trois catégories de whisky sont officiellement reconnues aujourd’hui en Irlande :
– Single grain whiskey, whisky élaboré par distillation continue à partir de grain
– Pure pot still whiskey, whisky à base d’orge maltée et non maltée distillé dans un pot still
– Single malt whiskey, whisky de malt distillé dans un pot still
La renaissance actuelle du whisky irlandais donne lieu à une diversification des single malts, comme l’historique Bushmills, le Connemara introduit par Cooley, ou encore Locke’s et The Tyrconnell mettant en scène des maturations en différents types de fûts comme le xérès et édités en versions single casks.
Les blended whisky irlandais, à la différence des écossais, sont assemblés avant leur maturation en fût et sont souvent composés de whisky de grain et de malts produits par la même distillerie. On y trouvera des marques comme Jameson, Midleton, Paddy, Powers et Redbreast, toutes produites par la distillerie Midleton, ainsi que Kilbeggan et Locke’s produits par la distillerie Cooley. Le jury du WWA 2014 (World Whiskies Awards) a récompensé deux whisky irlandais : le Redbreast Pot Still 15 ans et le Teeling (meilleur whisky de grain).
The Irishman est un embouteillage indépendant, réalisé dans l’esprit de la tradition des 18ème et 19ème siècles à partir de single malts et single pot still, fournis par Midleton.
Tullamore Dew qui tient son nom de la ville de Tullamore dans le centre de l’Irlande et des initiales de son directeur légendaire de la fin du 19ème siècle, Daniel E. Williams, est une marque de blended whisky des plus réputées. Aujourd’hui dans le giron de la société écossaise qui détient également Glenfiddich et The Balvenie.
Le dynamisme actuel du marché du whisky irlandais est tel que de nombreux projets de distilleries sont en cours. Ainsi les frères Teeling mettent les dernières touches à la première nouvelle distillerie construite à Dublin depuis 125 ans, elle aura une capacité annuelle de 100 000 caisses de malt whisky. En 2015, le groupe Dublin Whiskey Co lancera la construction d’une autre distillerie à Dublin sur le site historique de Mill Street, pour une capacité de production de 2 millions de bouteilles par an. Ainsi, à moyen terme il y aura plus de 10 distilleries en fonctionnement en Irlande et plus de vingt autres projets sont dans les cartons.
Vous avez maintenant en main toutes les cartes pour trouver votre meilleur whisky irlandais.