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Comme tous les ans, nous sommes allés serrer la main à Adam, véritable homme - orchestre de la distillerie du far west, la Sonoma County Distilling Co. Inventif, Adam l’est en créant une nouveauté par an. Après son « West of Kentucky Bourbon » conçu en hommage à ses collègues de l’Est américain, nous avons découvert son étonnant dernier né qui ne sera disponible en France qu’en Septembre 2016. Il s’agit d’un bourbon enrichi d’orge fumée au bois de cerisier. Au moment de le quitter, il nous a confié qu’il songeait à stabiliser sa gamme autour de 6 expressions.
Arrêt suivant chez Blanton’s, où nous avons pu savourer son Original single barrel avec une bouchée de jambon italien qui lui donnait bien la réplique. Nous avons été complètement séduits par son Straight from the barrel, un bourbon sans filtration et sans aucune dilution à 65°, et pourtant sans aucune brutalité au palais. Il révèle à merveille un profil aromatique complexe sur une base caractéristique de miel et vanille.
De retour sur le vieux continent, nous faisons un arrêt chez Les Hautes Glaces, ferme distillerie des Alpes françaises, où le Vulson, whisky de seigle très typé comme toutes les créations de ce domaine, mérite le détour.
Un peu plus au Nord, nous voici en Suède chez MackMyra, maison très créative qui nous a habitués à des whiskies surprenants et très élaborés. Nous goûtons au Moment Vintage, la perle du moment, assemblée par la master blender, Angela D’Orazio, qui a sélectionné pour l’occasion des fûts de vin d’Ukraine, de Tokay et de chêne américain pour un sommeil de 10 ans accordé à cet alcool. Le résultat est un whisky très fruité, floral et épicé. Très charmeur.
De retour vers le sud, nous découvrons un monsieur un peu esseulé et nous lui demandons ce qu’est le Hammer Head, un single malt de 23 ans d’âge qu’il couve du regard. A notre plus grand étonnement, on découvre un whisky très intéressant, distillé autrefois en Thcécoslovaquie pour le plaisir exclusif de la nomenklatura soviétique. Distillé et mis en fûts en 1989, cette cuvée se trouve abandonnée à la chute du mur. Plus de grand frère russe et plus personne pour réceptionner ces bouteilles, elles sont gardées au frais dans les caves dans la ville de Pilsen, à quelques dizaines de mètres des lignes de production de la fameuse bière Pilsener. Après plusieurs années d’attente et la certitude que l’Union Soviétique fait bien partie du passé, ces bouteilles sont mises sur le marché. Certains songent même à relancer la production.
Nous passons alors par des contrées plus classique pour le whisky, quoique, puisque qu’il s’agit du pays de Galles avec son unique distillerie, Penderyn. Après avoir goûté une nouvelle fois au Madeira, qui finit sa maturation dans des fûts de Madère qui lui apportent un fruité typique, nous faisons la connaissance du délicat Peated, qui a séjourné dans des fûts ayant contenu du whisky tourbé. Les Penderyn sont des whiskies tout en finesse, floraux grâce à leur distillation dans un alambic un peu spécial, puisque c’est un pot still surmonté d’une colonne un peu à la Coffey.
A force de pérégrinations, nous voici en Ecosse et dans l’antre du lion, emblème de la distillerie Royal Brackla. Là, nous avons eu un de nos deux coups de cœur de la journée, en succombant aux charmes de l’expression de 16 ans, dont l’élaboration passe par une finition en fûts de sherry oloroso. Ce Royal Brackla 16 ans épicé sur fond de miel est un modèle de profondeur et d’équilibre. La légende raconte que la reine Victoria, après avoir séjourné dans la région du Deeside et constaté la qualité du Royal Brackla, déjà adoubé par le roi Guillaume IV, décréta que tout carrosse royal devait prévoir une bouteille de scotch whisky en « cas d’urgence »
Devant le stand voisin de Douglas Laing, nous ne pouvons résister à un Ledaig de 14 ans, distillé par Tobermory. Pour les amateurs de tourbe modérée et subtile, Ledaig est un moment de pur bonheur.
Un peu plus loin, nous attendait Kilchoman, la dernière née des distilleries d’Islay, qui ne cesse de nous surprendre année après année avec ses whiskies d’une étonnante maturité vu leur jeune âge. Le Kilchoman Loch Gorm est le meilleur témoin du savoir faire de la maison en whiskies tourbés vieillis en fûts de sherry oloroso. Pour rester sur Islay, un Port Askaig 19 ans brut de fût à 50,4° nous envoie une bouffée d’embruns aux notes d’agrumes et de fumée. Derrière cet élixir, se cache la distillerie Coal Ila.
Toujours dans les îles, un peu plus au Nord, nous rendons hommage à Jura qui continue à sortir des expressions innovantes avec cette édition limitée Tastival 2015, affinée en fûts de vin de Saumur Bouvet Ladubay. Fruitée et épicée à souhait, c’est résolument une expression gourmande.
Vers le Speyside, on apprécie un Tormore 16 ans, aussi élégant que la distillerie éponyme érigée en 1958.
Pas loin de la fin de notre périple, à la frontière entre le Speyside et les Highlands, nous faisons une halte chez Ancnoc et la distillerie innovante Knockdhu que nous aimons beaucoup. Nous voilà avec notre deuxième coup de cœur, l’expression Ancnoc 22 ans, modèle de profondeur au nez et au palais et une finale qu’on ne voudrait jamais voir se terminer. Vieillie en fûts de bourbon et de sherry et embouteillée à 46°, cette expression apporte une subtile note fumée sur une base fruitée plus que séduisante.
Avec les single malts Yoichi et Miyagikyo sans mention d’âge, Nikka confirme la tendance des expressions sans âge ou NAS, stratégie inévitable devant le déclin des volumes stockés dans les fûts. Ces expressions fruitées et aux arômes complexes confirment le savoir faire indéniable des maîtres assembleurs japonais pour l’élaboration des blends ou aussi des single malts faisant appel à des fûts de malt d’une seule et même distillerie.
Pour finir, nous avons siroté un cocktail Nikka Coffey Grain avec bitter et bière de gingembre, au Nikka Beach, bar perché au dernier étage des docks dominant la Seine par cette belle après-midi ensoleillée de septembre.
Belle façon de clôturer ce périple qui nous a réservé autant de haltes agréables que de moments exquis et qu’on aimerait bien renouveler, avouons-le, tous les mois.